Myriam est journaliste et fondatrice du magazine français on-line « CheekMagazine » consacré aux femmes. La trentaine bien active, elle est venue en Tunisie l’année dernière accompagnée de son frère, avec l’intention de se ressourcer auprès de ce pays ancré dans son cœur sans ne jamais y avoir mis les pieds ! De son séjour, elle en repart comblée et consciente du devoir d’agir pour promouvoir l’identité judéo-tunisienne. Ainsi est né quelques mois plus tard « Stay Tunes », une page d’amour sur Instagram qui compte déjà un millier d’adeptes, tous là pour vibrer autour de témoignages et de preuves intimes sur « leur Tunisie ». Depuis la page d’accueil, le ton est dégainé avec cette convocation à assumer son passé : « On a tous en nous quelque chose de La Goulette. Et vous, c’est quoi ? ».

Et déjà, une vingtaine de témoignages publiés avec pour chacun d’entre eux des images chargées d’amour et de nostalgie. Ainsi Michelle qui vit en France explique « avoir un rapport charnel à la Tunisie, le pays où je suis née… mais que j’ai quitté à l’âge de 5 ans. Depuis, j’ai une forme de frustration à chaque fois que j’y retourne, j’ai l’impression de le contempler derrière une vitre : le paysage m’est familier, et pourtant je le regarde de loin… »

Au fond, Myriam Levain et ses témoins sont dans la lignée de cette communauté inestimable (peut-être entre 1 à 2 millions) de descendants de Tunisiens de sang ou de cœur, maltais, espagnols, français, Italiens, arabes, juifs, berbères…lâchés  comme "apatrides" dans le monde et qui aspirent aujourd’hui à renouer avec leur richesse ancestrale. Une demande légitime et rendue forte à l’heure où beaucoup sont devenus parents et aspirent à transmettre leur identité réelle à leurs propres enfants. Pour cette génération qui assume, l’heure est désormais à l’apaisement et à la recherche du temps perdu. C’est ce qu’explique Myriam au site Huffington Post en ses termes : « Ma grand-mère était juive tunisienne, et elle m’a beaucoup parlé de la Tunisie. J’ai réalisé que je connaissais très mal son histoire… ».

Et la Tunisie a tout à gagner à entendre l’appel de cette communauté en voie de reconstitution…Comment ? En prenant en charge leurs besoins identitaires par la promotion d’un nouveau tourisme mémoriel. En retour, ces néo-nationaux débordent de compétences, d’enthousiasme et d’une énergie positive qui compensent le self bashing qui prévaut en Tunisie ! Pour preuve, Myriam fait fi du marasme tunisien et elle travaille déjà à l’élaboration d’un documentaire sur la jeune génération de Tunisiens juifs…Pour elle et ses semblables, la Tunisie est belle comme elle est !

Samir BOUZIDI

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